Histoire du mot "chapelle"

Ce mot à connotation religieuse aujourd'hui si prononcée trouve son origine dans un terme latin pourtant bien matérialiste, capella, diminutif de cappa, « manteau à capuchon », d'où nous viennent la cape et la chape.

« Capella » désigne dans un texte en latin médiéval, en 679, le célèbre manteau que saint Martin partagea avec un pauvre, et qui faisait partie des reliques conservées à la cour par les rois francs.

Le même mot vit sa signification rapidement étendue (dès 788) au trésor des reliques royales puis à l'oratoire du palais de Charlemagne, à Aix, où elles étaient déposées.

Le terme français, orthographié « chapele » au 11e siècle, qualifie d'abord le sanctuaire du palais impérial, puis, au 12e siècle, un lieu de culte privé,  avant de définir, comme de nos jours, une église secondaire, et, plus proche de son sens initial, les objets de culte servant à célébrer la messe.

Ce n'est qu'au 15e siècle, que le terme pren­dra son sens encore actuel de « partie adjacente d'une église, où se trouve un autel secondaire », comme le sou­ligne Le dictionnaire historique de la langue française (Éd. Le Robert), avant de désigner temporairement les bénéfices ecclésiastiques.

Chapelain, dérivé de la même racine, a subi la même évolution étymologique que chapelle, puisque de « clerc attaché à la chapelle royale, gardien des reliques », il devient le prêtre desservant une chapelle autonome, avant de se fixer au sens de « celui qui a la charge d'une chapelle et en est bénéficiaire ».

Le mot chapelle a servi aussi, à partir du 16e siècle, à désigner un groupe de musiciens et chanteurs œuvrant sous la direction d'un « maître de chapelle ».

Vers la même époque est née l'expression « chapelle ardente » qui indique une cha­pelle où brûlent des cierges.

Au 17e, l'expression marine « faire chapelle » semble liée à l'architecture voûtée des cha­pelles, à laquelle ressemblent les voiles d'un bateau sous le vent.

Enfin, à la fin du 19e siècle, l'esprit de chapelle qui définit un groupe artistique ou littéraire très fermé est une allusion péjorative à l'aspect clos d'une chapelle.

Vers la même époque, le français emprunte à l'italien l'expression « a capella », littéralement « à la chapelle », pour nommer les chants reli­gieux exécutés sans instru­ment, dans les chapelles.

Le terme s'étendra ensuite à toute œuvre, même profane, chantée sans accompagne­ment.            ■

 
Elisabeth DUMONT-LE CORNEC dans Notre Histoire